J'étais un écureuil gris à l'aube des Temps Maudits; je n'avais pas d'amis car en cette ère très reculée et pauvre, peu d'habitants non-humains arrivaient à survivre en de telles terres hostiles
Odin venait de mourir, Freyja aussi, le Temps des Ténèbres était arrivé. Fenrir avait de plus en plus de pouvoir sur Midgard, terre où nous vivions tous sous la Loi de Wotan, la face la plus sombre d'Odin. Nous ne savions pas cce qu'il allait advenir en Midgard
J'étais très seule, et peu de choses pour oublier, masquer un tel ennui qui minait toutes mes forces immunitaires
Je maigrissais à vue d'oeil, mon estomac qui me réclamait n'importe quoi qui puisse remplir un tant soit peu cette béance qui grouillait sinistrement, mais je ne trouvais rien sur mon chemin
en fait, il n'y avait pas de chemin, c'était un hiver rude, très rude. L'hiver était une année infernale, l'été et la saison douce n'étaient presque que des chimères en ces contrées boréales où l'horizon était si plat, si terne
tout était terne
Un jour, j'avais cru mourir; pour de bon. Mes pas se faisaient lents, de plus en plus lents, maladifs et irréguliers. Je n'en pouvais plus; alors je me suis étendue sur une souche d'arbre, recouverte par une fine couverture de neige douce dont l'aspect mélancolique miroitait les rares rayons de soleil que les nuages sombres et gris voulaient bien laisser traverser. Cette souche était ma destination, j'en étais persuadée dans mon for intérieur. Je me couchai sur le dos, le bras gauche tombant sur le sol désolé, mes soupirs se faisaient si las
Triste de devoir contempler ces derniers instants de mon corps en agonie, je versai une larme de nostalgie et laissa venir la mort m'emporter, peut-etre vers un monde meilleur
Mes yeux se fermèrent, avant d'attendre le coup fatal
Mais...
La faucheuse n'eut pas la force d'abattre son hideux instrument sur mon pauvre corps, si faible et gris de toute vie
Qui ou quoi aurait pu suspendre un tel acte, si mystérieux?
Une petite feuille de lière, desséchée, froissée par les aléas de la vie sur Midgard gisait pas loin de moi, rampant péniblement en direction de la souche. Je parvenais à entendre sa petite voix, une petite voix de fille, timide et si innocente mais au coeur brave. Cette découverte, impromptu divin (car l'approche de la Mort ne se fit plus sentir) me redonna espoir: je n'étais plus seule
Je n'étais plus la seule créature non-humaine à errer sur cette immense terre déchue de ses dieux.
Elle rampait comme un escargot, tremblotant par un froid si pénétrant
La petite feuille aux allures d'escargot
(to be continued)
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