TUONS LE TEMPS
Terrassé par l'ennui je vivais tel une ombre
Errant dans les ruelles les yeux hagards le soir
Je fuyais comme la Peste cette foule dense et sombre
Qui offensait à tort mon bon vieux désespoir
Et je me nourrissais de rêves meurtriers
Les lampes frémissaient et les portes claquaient
Mon ami le poignard au désir aiguisé
Me sussurait tout bas son tourment qui luisait
De victimes mon envie tendait à s'enivrer
Mon visage poisseux sous la lumière blanche
Homme femme ou enfant il me fallait tuer
Ce vide qui brûlait dans mon coeur ce dimanche
Le clochard la catin qu'importe ils sont pour moi
Je ne suis pas regardant et même démocrate
Tous égaux dans le sang il est vrai je frémis
En voyant trépasser un bel aristocrate
Celui-là qui s'avance n'a pas l'air bien méfiant
Dommage il est peu leste - tant pis pour lui - enfin !
Un couteau dans le coeur lui irait comme un gant
Mettant à mes soucis une glorieuse fin !