La ville (Elle funèbre)
La ville est une mer silencieuse
Qui se met à gronder au coucher du ciel
Emportant en ses marées grises
Les dérives de tant de vaisseaux fantômes ;
La ville est une plaine infinie
Où les vents ne savent plus chanter
Où les grand épis noirs et sales
Poussent en friche sous les étoiles.
La ville n’est rien et la ville est tout
La ville est vie et la ville est mort.
La ville est une terre sans dieux,
Un refuge pour les idoles déchues
Qui du haut de leurs socles froids
Prétendent veiller sur ses frontières ;
La ville est un royaume sans souverain
Où des millions de princes sans visage
Se bousculent derrière leur masque
A la conquête de palais imaginaires.
Et pourtant la ville se tait,
La ville se fige…
Quand le vent joue entre tes cheveux,
Que ton regard croise celui des anges de pierre,
La ville jette ses voiles de bitume
Vers un horizon que toi seule sait reconnaître
La ville s’efface
Et tandis que résonne le carillon,
Toi seule existe encore…
29 avril / 13 mai 2005