Ange
Quand la pluie bat les murs pâles
Sous le regard d’une lune malade
Que le vent balaie les rues désertes
Sous les lueurs crues
Transformant pour un instant
Les carreaux sales
En vitraux d’une improbable chapelle ;
Ange attend son fantôme.
Assis dans un coin sombre,
Arrachant un à un les crins de la vieille chaise
Lui tressant des couronnes,
Lui murmurants des airs
Ange écoute au dehors
Résonner le timbre du carillon.
- Oh viens, viens donc une fois encore
me rejoindre en cette valse qui tourne dans ma tête
Viens, avant que le rythme ne s’arrête,
Avant que leurs cris ne t’exilent une fois de plus.
Quand le village tremble et se secoue,
Quand le village s’agite et perd la raison,
Ange a peur pour son fantôme.
Assis dans un coin sombre
Dessinant dans la poussière blanche
Les jardins qui la font sourire
Les palais qu’elle aime parcourir
Ange écoute au dehors
Les pas de la foule qui murmure.
- Oh viens, viens donc une fois encore
me rejoindre en cette valse qui tourne dans ma tête,
Viens, avant que l’aube ne froisse ta robe,
Avant que leurs cris t’emmènent loin de moi.
Quand le village frissonne sous ses rêves
Quand le village ouvre grand les yeux et regarde,
Ange a peur pour son fantôme.
Quand la pluie bat les murs pâles
Sous le regard d’une lune malade,
Que les flammes tracent dans la nuit
Un sillon qui s’étire lentement
Transformant pour un instant
Les pavés sales
En un verger de fruits sauvages
Ange attend son fantôme.
(Le 7 mars 2005)