EXP
Exp est un groupe qui a vu naissance en 1992 sous l'impulsion de Paris (Shadow Project). Le line-up du groupe a été en constante évolution autour de lui. Rozz Williams, également membre, joue de la basse sur l'unique album du groupe, 'Hollows Hill'. Lors des concerts, il lui est aussi arrivé de tenir le micro. A la lecture de ces deux noms, on pourrait s'attendre à du deathrock... et bien c'est raté ! Bien au contraire le groupe nous propose quelque chose de complètement inclassable, expérimental et bien évidemment original.
Dès les premières notes de 'Hollows Hill', on sent que l'album est ovni. 'Misericord' démarre avec des mélodies dissonantes jouées en boucle avant qu'une mélodie typiquement orientale vienne se poser, le tout revenant ensuite comme au début.
Le second titre ' The Cannibal Banquets' est plus hypnotique avec ces deux notes de basses et de claviers répétées inlassablement derrière une voix masculine en spoken words, un saxophone complètement torturé et un chant féminin guère plus sain.
'Alligator Pears' reste sur une ligne de walking bass donnant un feeling jazz au morceau, toujours un spoken word. L'ambiance est proche de la folie.
Suit alors sur 'The Respectable Gentleman' des samples de film d'horreur, avec le retour de la flûte orientale sur une musique rappelant l'indus d'un groupe comme Einstürzende Neubauten dans ses premiers morceaux.
Après la folie de ce début, vient 'A Brummal Hare' et son rythme prenant saturé avec en arrière fond quelques lignes de guitares complètement déchirées et des nappes de claviers monotones et mornes. Le titre est construit sur une montée en puissance dans l'intensité sur près de 5 minutes, avant de tomber dans une ambiance malsaine à souhait digne d'une bof de film d'épouvante, pour finir sur une partie en guitare saturée jouant en accords.
Un petit intermède anonyme de 45 secondes, très glauque, coupe l'album en deux et marque un changement de style vers quelque chose de plus accessible et moins torturé, bien sûr tout est relatif...
' Sabbath' est un morceau avec une rythmique deathrock (excellente ligne de basse), mais sans la guitare, sur lequel se place un chant à la voix saturée d'effets.
On retrouve sur 'Jackal' un morceau plus typiquement gothique composé uniquement d'un piano funéraire, d'un petit rythme à la caisse claire et un chant féminin très beau, triste et touchant.
'Sansons Seraglio' est un titre martial, avec un riff de guitare saturée en boucle et un duo de chant masculin/féminin. Le morceau s'achève dans la saturation complète et une voix à la manière d'un prêcheur.
'Ne me quitte pas', reprise de J. Brel, en français de surcroit, clôt l'album. Ce morceau, tout aussi triste que l'originale, aurait pu être doux s'il n'y avait ces nappes de synthés très froides et sombres derrière...
Bref pour résumer et pour ceux qui sauteront ce pavé tout aussi indigeste que ce disque est (très) difficile d'accès, il n'y a deux attitudes possibles : soit l'accroche ne se fait pas, auquel cas on l'ignore sagement et on ne s'en portera pas plus mal, soit, au contraire, on fait l'effort de l'apprivoiser et là, nul doute qu'il fera partie des meilleurs disques que l'on possède, tant celui-ci est riche, inspiré et tout simplement excellent. Pour ma part, je me situe dans la deuxième catégorie...