MENSONGES
Et vacille la faux déjà la lame luit
Et l'Ankou tentateur aiguise la sentence
Le riche et puis le pauvre tous égaux dans la Nuit
Des fièvres mortifères de nos secrètes transes
Le clocher au son pur annonce l'avènement
D'une époque avortée souillée par notre orgueil
Nous qui passons mendiant l'aumône à des mendiants
Quand le chant automnal s'égrenne sur notre seuil
Fatigués de mentir nous vivons comme des rats
Ignorant l'or qui brille au fond des coeurs jaloux
Nous mentons et mentons comme si nous étions las
D'avoir vécu cent vies nous sommes devenus fous
Un joyau ou un masque pour mon prince éternel
Miroitent les promesses d'une âme sincère et forte
Des épaules garnies de fleurs et de dentelle
Mais qu'est-ce qui nous pousse à vivre de la sorte
Tu ne vois même pas que des anges sont morts
Que j'ai gardé leurs âmes dans ces sphères de verre
Qu'un poisseux noir et lourd malaise nous dévore
Et qu'il nous faut mourir peut-être cet hiver