écrits d'Ysatis

Que sont les mots...


Que sont les mots que l'on trame inlassablement
au gré de nos désirs ,aux faims de nos envies
au hasard des jours qui se délient en nos vies
comme un écheveau dévidant son tourment?

Que sont les mots hurlés au vent de nos regrets
affres tortures à nos veines en murmures,
rage des phrases nées dans l'encre des néants
simulacre de sentiment abîmé en cruelle blessure?

Que sont les mots dits entre l'aube et le couchant,
des rires d'enfants dans un jardin ombragé en été
le regard adouci porté sur leur sourire innocent,
des envolées de douceur ,en prisme de liberté...

Que sont les mots dits en rauques caresses échangées
dans la pénombre d'une alcôve embrumée de désir
dans la moiteur des draps où se coulent les baisers
les secrets partagés dans l'instant à n'en plus finir...

Que sont les mots de haine portés au bout des fusils
dans l'odeur et le sang des furies de nos guerres
quand le pire de l'humain écrase dessus la terre
les quelques révoltes brandies au nom d'un droit de Vie?

Que sont les mots de mort ,les non dits,les mensonges
les cassures de l'âme que l'on porte en silence
au creux de notre esprit comme un rêve de délivrance
Mais il n'est point d'espoir quand la douleur nous ronge...

Que sont tous ces mots que l'on se dit au fil de nos vies
des voiles de soie diaphane qui s'envolent dans la nuit.
Nous en esquissons le dessin sur nos lèvres incertaines
attendant que d'un autre, phrase suivante ne vienne...

Souffle de vie comme une flamme qui vacille,tu te poses au creux de mon coeur où je te sens palpiter...
Mes chants de proses sont douces mélopées où tu chemines indistincte pensée qui me traque au désert de mon errance...
Je sens en moi des labyrinthes initiatiques où vogue le bateau ivre de mes raisonnements empiriques
je suis saoule des mots qui déroulent leur cortège délirant au sein de mon monde translucide
je suis bulle d'inconsistance enrobée des sons que je forge de mes murmures sans fin...
Je suis souffle de vie au sein des transes de mon âme fusionnante
je suis moi...
Unicité au sein des multitudes...
Fragment de possible
regain d'espoir

Celles qui sont en moi


L'étrangère, la sauvage,l'insoumise
au regard de toute Terre Promise

La rebelle, révoltée ,indécise
aux sables mouvants qui s'enlise;

L'infidèle,amoureuse,rêveuse
à l'âme ce soir belliqueuse.

L'indocile,la fébrile,la charmeuse
qui voudrait s'alanguir soyeuse...

L'éternelle,la captive,la patiente
immortelle promesse d'amante,

La taquine,la caline,l'insouciante
celle qui se ment,la fuyante.

La démente,l'infamante,la perdue
l'ombre froide de ce côté inconnu.

La recluse,névrosée, résolue
à combattre l'abîme éperdue..

Toutes ces femmes facettes de mon âme
dont ma vie est en fait la trame,

Avatars de ma vie en substance
à l'aube de toute renaissance...

Nos vies


Dans l'espace sommeillant de nos rêves, nos vies chagrines ou lumineuses errent, sentinelles de l'illusoire dans un monde d'inconstance où tout est voué à disparaître à brève ou longue échéance...
Nous sommes flammes dans la nuit, portés par nos désirs, nos croyances,nos idéaux ...
Et nous voici ballottés au gré des flots qui nous emportent deci delà, sur les océans implacables des jours tantôt calmes, tantôt vagues déchaînées aux rugissants vents qui les gouvernent...
Nos pensons bien souvent être seuls maîtres à la barre...
Mais nous ne pouvons avoir de contrôle sur l'Autre, les autres...
Les rencontres de passage où celles qui marquent nos vies à jamais...
Nos jours ne sont pas inscrits dans le grand livre ouvert aux pages vierges.
Nous n'en avons guère de dessin tracé jusqu'à l'ultime goutte d'encre déposée sur le parchemin, à l'heure où le rêve achevé nous emportera tous au delà des sommeils abrupts de nos vies...

D'une forêt


Silencieuse,attentive,d'un pas étranger à ce lieu
j'ai franchi la lisière où l'ombre s'évanouit,
pour devenir ombrure sinueuse de féerie
dans la ramure au frémissement soyeux...

Individualité toute déférente,en émergeance de la nuit
osant le geste d'espérance, en luminance de psalmodie,
j'ai traversé l'espace de ce devenir en substance;
des frondaisons mon chant puisait l'essence
des bruissements du vent,souffle amplifié,
onde évanescente des murmures de la forêt...

Humant le parfum entêtant et suave de la vie,
mes yeux se sont désavoués des atteintes du passé.
Sous mes pieds,mousses,violettes et pensées
tapis de fougères en naissance du printemps éveillé...
Et j'ai chanté...J'ai chanté...J'ai chanté pour lui.

Ô esprits aux aguets,gardiens des chimères
écartez des brumes de ma mémoire le froid de la pierre
âmes divines,antique sagesse des piliers vivants de la terre
terrassez pour moi les fantomes assoiffés et amers!!

Silencieuse,contemplative,étrangère en ces terres
j'ai franchi les lisières qui régissent"néant":
forêt amie,l'espace d'un instant,
océan d' arbres courronné de lumière,
pour m'avoir acceuillie,rassurée,écoutée
mon chant,en offrande,humblement t'ai laissé.

Forêt de tous les rêves,des heures où je chemine
en quête de ce que je désire et ignore,sans le craindre,
offre moi dans un écho de brise,le mot de cette énigme:
alors délivrée je pourrai me rejoindre...

L'orbe qui m'éclabousse,de ses rayons nacrés,
sous la voûte indistincte de ces arbres attentifs,
de nouveau m' illumine dans la clarté...
Pour qu'au delà du tourment abrasif,
LA VIE,comme une source pure et renouvelée
abreuve mon sang en sa douce saveur
irrigue mes veines d'espoir et de chaleur
apaise mon souffle et guérisse mon coeur...



Le premier poème écrit quand j'ai décidé de laisser à la vie une seconde chance de m'apprivoiser.

J'aime beaucoup, avec une préférence particulière pour les trois suivants:

'Que sont les mots'
'D'une forêt'

Car ce sont des thèmes qui me parlent...

'Celles qui sont en moi'

Sans raison particulière, si ce n'est sa musique...