LA ROUSSE
Amis
Entendez-vous
Au dehors
Ce murmure ?
Alors que les crocs des loups
Semblent écorcher nos murs,
Les crucifix tremblent de fièvre
Au dessus de nuits sans rêves ;
Les derniers-nés mâles
Crispent leurs doigts gelés
Sur les jupes de leurs mères
Car enfin…
Sont-ce dieux ou bêtes
Qui hantent nos coteaux ?
Amis
Est-ce vous
Qui grincez des dents
En murmurant vos prières ?
Nos curés se seraient-ils trompé
Lorsqu’ils radotaient de belle manière
Dans la lumière des rosaces
En ces dimanches de grisaille ?
Qui de la parole ou de la chair
Nous protégera de la fin ?
Qu’importe pour elle…
La Rousse joint les mains
A la rencontre d’un ciel
Qu’elle ne connaîtra que trop tôt.
Adieu, anneau trahi !
La Rousse étreint la croix
Sans vraiment comprendre
Qui la guidera vers le ciel.
Les saints du cloître se figent
Dans leurs rôles de pierre ;
Toi qui n’a nulle peine à mentir
Tu n’auras nulle peine à périr !
La Rousse l’apprendra ce soir,
Au détour du chemin de sa liberté,
Le ciel ne vient pas de la pointe d’une griffe
Mais du fer d’un poignard…
Mars 2005 / juin 2005